La self-défense est-elle un sport, une discipline comme une autre ? Chacun sa réponse. Certaines personnes ne recherchent dans leur pratique qu’un exutoire après une dure journée de travail, là où d’autres cherchent à apprendre à survivre, à se rapprocher de l’efficacité en cas de danger.
Des conceptions radicalement opposées en somme. Dans cet article, je vais essayer de vous expliquer mon approche…
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La self-défense n’est pas un loisir
La self-défense se veut pragmatique et ancrée dans la réalité. Parce que son discours est « dur », voire pessimiste estimerons certains, c’est une discipline assez sérieuse pour un public averti.
Pour parler de self-défense, on est en effet obligé de parler des contextes où l’on est amené à se défendre : Agressions, terrorisme, survie… Ce n’est pas un monde rose plein de guimauves, et les mots utilisés pour décrire cet univers sont crus, parfois choquants.
Et vu qu’il n’y a aucune certitudes en self-défense, tout peut bien entendu tourner au vinaigre très rapidement en cas de conflit !
Ce n’est donc certainement pas un moment de douceur où s’échanger les derniers potins !
Le but n’y est pas de passer un bon moment mais d’apprendre à se défendre, apprendre à survivre face à des situations parfois vraiment extrêmes !
C’est du moins un idéal technique vers lequel nous essayons de tendre en mettant en commun nos savoirs, nos expériences, vers un objectif commun.
Cet objectif n’est pas toujours partagé, et il arrive que des « élèves » s’égarent, attirés par la lumière de la salle.
Difficile d’un certains côté de les en blâmer ! Un film d’action sort au cinéma ? Vous êtes sûr que les adhérents vont affluer ! Car malheureusement la self-défense souffre de l’exposition médiatique qui suit la sorties des films hollywoodiens, attirant inexorablement son lot de consommateurs immatures voulant imiter leurs héros de cinéma aux mouvements « stylés ». Ajoutez à cela le portrait caricatural qu’en font les journalistes, et vous comprendrez aisément pourquoi les salles sont remplies de touristes.
La self-défense, pour un grand nombre d’individus, est donc un sport voire un loisir.
Dans ces conditions, comment progresser sérieusement ? Comment apprendre à se défendre, comment tenir un discours approprié quand l’auditoire est à ce point déconnecté de la philosophie au cœur de notre discipline ?
L’aspect « défense » n’existe plus dans de telles conditions, seul subsiste le « self », l’individu, placé dans une aire de jeu où il échangera des simulacres d’attaques avec son partenaire dans un contentement bienheureux. Sans la moindre notion d’enjeux, donc sans le moindre progrès possible.
Pratiquer l’autodéfense n’a rien d’un hobby, c’est un outil à mettre entre les mains de personnes équilibrées, pas un objet de consommation !
C’est pourquoi il est impératif de se poser les bonnes questions avant de s’inscrire à un club de self.
La responsabilité de l’instructeur
L’instructeur qui tolère ces dérives dans un cours dit de « self-défense » engage sa responsabilité, en toute logique, lorsqu’il laisse croire à ses élèves qu’ils apprendront quoi que ce soit de cette manière.
En réalité, on pourrait sous-estimer le rôle de ce professeur qui, dépassé par les évènements, s’est adapté aux élèves et a totalement travesti la substance même du cours. Il a fait comme il pouvait !
Erreur. De manière indirecte, il tiens la vie de ses élèves entre ses mains ! C’est peut-être une vision extrême des choses, mais en bout de course la réaction de l’élève face à un agresseur sera corrélée aux gestes qu’ils aura répété en cours.
Or un élève habitué à ne pas travailler correctement aura plus de chances d’avoir une mauvaise réaction, un geste parasite, qui pourra le trahir en cas de conflit. Et bien entendu sans la suite du geste (qu’il n’aura pas travaillé correctement), cet individu se retrouve encore plus en danger qu’il ne l’était auparavant…
Pour cette raison, un instructeur de self-défens tiens la vie des pratiquants entre ses mains, en réalité : Parce que de son enseignement découlera une réaction adéquate ou non de son élève et, par extension, ses chances de survie.
Pratiquer dans une bonne ambiance : La nuance
Doit-on pratiquer la self-défense avec son masque d’enterrement ? Bien entendu que non, et encore heureux !
Tout le monde aime un peu déconner, c’est bien normal ! Et quand on débute dans une telle discipline, qu’on découvre le contact, les jeux de rôles… Il est tolérable de prendre un peu ça avec le sourire (mais tout en étant conscient qu’il faut corriger ça rapidement et essayer de se mettre en condition pendant les jeux de rôles).
Bref, pratiquer la self-défense n’est pas incompatible avec le maintiens d’une bonne ambiance en cours, loin de là ! Et si vous y prenez plaisir, c’est encore mieux !
La nuance est à effectuer au niveau du discours comme nous l’avons expliqué plus haut. Derrière les traits d’humour, il faut garder à l’esprit que le contexte reste toujours très sérieux. Il s’agit de survie.
Le meilleur conseil que l’on pourrait vous donner est donc de ne pas prendre les exercices à la rigolade, sous peine de perdre votre temps et votre argent dans une discipline qui ne vous correspond pas.
C’est tout cela que j’entends donc par « pratiquer sérieusement sans se prendre au sérieux » !