Les clés articulaires font partie intégrante des arts martiaux, mais sont bien plus marginalement représentée dans les disciplines de self-défense. La raison, nous l’avons déjà évoqué lors de précédents articles : Les clés sont rarement adaptées au contexte d’un combat de rue.
Ces techniques requièrent en effet trop de précision, ce qui nous fait défaut sous stress et face à la résistance d’un agresseur déterminé.
Indispensables pour les professionnels de la sécurité, à qui il est imposé de maîtriser un individu agressif sans le blesser, les clés ne sont pas autant utiles aux citoyens lambda qui doivent composer avec un (souvent plusieurs) agresseur, et qui ne pourra pas se permettre le moindre faux pas.
Tout n’est pas à jeter pour autant dans ce domaine. À vrai dire, tout est affaire d’opportunité, et il peut arriver que la situation soit telle, que l’utilisation d’une clé puisse être un choix judicieux.
Vu que l’apprentissage des clés articulaires n’est pas l’objectif premier des disciplines de self-défense, nous allons brièvement prendre le relais dans cet article afin d’expliquer comment améliorer une clé, en partant de l’exemple des clés de coude (sachant que le concept pourra être décliné à d’autres cas de figures).
Table des matières
Les dangers d’une clé
Si pour une raison quelconque un individu vous saisi, que ce soit au poignet, au col, aux cheveux, etc… La tentation peut être grande de passer en mode « clé articulaire », surtout lorsque l’on possède un passif martial et que l’on est conditionné en ce sens.
Malheureusement, les clés sont présentées telle quelle à l’entraînement, hors contexte, et les pratiquants ont tendance à croire qu’il sera aussi facile de restituer une clé dans la rue qu’au dojo.
C’est une grave erreur !
Nous avons déjà apporté des nuances à ce sujet, en insistant notamment sur l’importance absolument capitale de percuter un agresseur avant de tenter une clé, pour détourner son attention du membre que l’on s’apprête à contrôler. Cette nuance est rarement faite en salle.
Il nous faut également rappeler que les clés, comme par ailleurs beaucoup de techniques, présentent des failles exploitables par l’agresseur.
Dans l’exemple d’une clé de coude sur saisie au col, la clé doit s’effectuer via rotation du coude vers le haut puis pression vers le bas au niveau de l’articulation, en s’aidant des deux mains. Le problème est que ce faisant, vous exposer l’intégralité de votre flanc opposé. N’ayant pas de garde, votre visage est à la merci d’un crochet, par exemple.
Ce problème est typique des clés, qui nécessitent quasi-systématiquement l’usage des deux mains. En mobilisant deux membres aussi cruciaux, vous avez intérêt à être extrêmement rapide dans l’exécution de votre clé ! La moindre erreur est décisive. Or, en combat de rue, les erreurs arrivent vite, ne serait-ce qu’avec des techniques basiques…
Enfin, il est important de noter que les clés ont pour fonction principale de contrôler un individu hostile… Mais que lorsque ce dernier est boosté par l’adrénaline engendrée par la situation (ou par des stupéfiants), son ressenti de la douleur sera grandement altéré, ce qui agira en défaveur des techniques d’immobilisation. Ces techniques sont en général à l’usage exclusif des forces de l’ordre, et nécessitent d’ailleurs l’intervention de deux personnes ou plus pour maîtriser efficacement un individu sans le blesser.
Cela dit comme toujours, si l’occasion se présente d’utiliser une clé et que cela peut être fait avec fluidité… Tout est bon à prendre !
Optimiser ses clés via les points de pression
Si la situation est favorable à l’utilisation d’une clé, autant mettre toutes les chances de son côté.
Reprenons l’exemple d’une clé de coude. Les choses peuvent mal tourner de milles façons différentes, mais le plus souvent le problème est simple : L’agresseur va avoir tendance à fléchir son coude, et il devient pratiquement impossible de faire descendre l’individu par une pression sur ce point (qui est à la base de la technique).
Normalement, la situation n’est pas favorable du tout à l’emploi d’une clé.
Il est possible d’inverser la tendance avec des connaissances d’anatomie assez basiques (mais encore faut-il avoir fait un travail de recherche !), en agissant sur les tendons situés à l’arrière du coude.
Nous parlons souvent de points de pression dans les arts martiaux et en self-défense, mais au-delà de disciplines comme le Kyusho qui appréhendent le corps humain comme un système où certains points du corps déclenchent certains effets, il y a toujours une corrélation à rechercher avec la médecine occidentale.
En l’occurrence, nous pourrions parler de points de pression issues de la médecine traditionnelle chinoise pour expliquer le phénomène par lequel l’individu va ressentir une douleur en agissant à l’arrière du coude. Lorsque nous parlons de points de pression, nous intégrons en fait les deux aspects : Au sens occidental (action sur les tendons) ou oriental (action sur les méridiens), selon le contexte. Les deux visions traduisent in fine un même effet, mais nous prenons toujours soin d’expliquer sous quel angle nous abordons cet effet.
Ainsi, pour revenir à notre exemple, si vous vous retrouvez avec l’avant-bras de l’agresseur au niveau de votre col, le premier mouvement consistera à contrôler le bras avec les deux mains, en tournant ce dernier de sorte à ce que le coude pointe vers le haut (exposant les tendons). L’agresseur fléchissant généralement son coude pour résister à une pression au niveau de l’articulation, inutile de s’acharner sur ce point. Pour être efficace, utilisez plutôt le tranchant de votre main et effectuez un mouvement vrillé vers l’intérieur, en exerçant une pression vers le bas.
Enfin, pour ajouter plus de puissance à votre technique, n’oubliez pas d’utiliser votre poids de corps ! En effet, la technique requiert un peu de force. Plutôt que de dépenser inutilement votre énergie à lutter force contre force, mettez donc votre masse à profit !